La boîte postale ...
rideau
J'étais devenu une vraie boîte postale pour ceux qui avaient à faire passer en fraude des lettres de zone occupée en zone libre et vice-versa.
je roulais à vélo­moteur et en manches de chemise, car il faisait chaud. Faute de poches de veston pour mettre les lettres, je les avais glissées dans mon slip, que voulez-vous? Arrivé au pont, je continue de pédaler en zigzaguant entre les chicanes, mais j'en cogne une au passage et me voilà par terre en même temps que je sens se casser l'élastique de mon slip.
Mon brave Feldwebel était parti je ne sais où, peut-être bien pour la Russie, et se trouvait remplacé par un douanier que, allongé sur le dos comme j'étais, je vois lever les bras au ciel et éclater de rire, jusqu'au moment où son expression a changé: ne pouvant demeurer indéfiniment par terre, je m'étais levé en espérant que les lettres ne bougeraient pas, mais elles tombaient une à une de mon pantalon. Là, le douanier s'est fâché: il a dégainé son pistolet et me l'a braqué sous le nez. J'ai dû ramasser les lettres, qu'il a comptées: j'en avais quarante-quatre. Après ça, ordre m'a été donné de me déshabiller complètement, mon pantalon et mes chaussettes ont été retournés, puis j'ai été emmené au château de Gandillac sous bonne garde, où l'interprète a épluché les lettres une par une: heureusement, il ne s'agissait que d'affaires de famille, et je m'en suis tiré sans casse avec la recommandation de ne pas recommencer: j'ai seulement pris plus de précautions.
passer des lettres sur la ligne de demarcation
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La ligne de démarcation